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L'Île du Grand mariage
Héritière d’une vieille tradition arabo-africaine, la Grande Comores a préservé, plus que ses îles sœurs, la richesse culturelle issue de ce brassage séculaire.
Elle arbore les symboles et se gargarise d’être le dépositaire de ‘’ l’Ustaârab’’, la civilisation, version arabe.
Héritière d’une vieille tradition arabo-africaine, la Grande Comores a préservé, plus que ses îles sœurs, la richesse culturelle issue de ce brassage séculaire.
Elle arbore les symboles et se gargarise d’être le dépositaire de ‘’ l’Ustaârab’’, la civilisation, version arabe.
Difficile de visiter cette île sans admirer la baie aux boutres, ces embarcations en bois, témoins d’une civilisation venue de la mer. À terre en turban et tunique cousue d’or, on distingueles notables. Dignitaires à la fois religieux et chef de village, définitivement accroché à cet héritage.
L’architecture des places publiques, des maisons anciennes et de quelques édifices en ruines, portent aussi les marques d’un passé culturellement riche. Moins altérées par le temps, les danses d’origine africaine ( Igwadu, Mdiridji…..) , complètent celles issues du creuset arabe. Le ‘’Twarab’’, cette musique orientale qui a emprunté les influences africaines au fil des migrations arabes le long du canal du Mozambique et sans doute le témoin vivant de ce métissage de mélodies et de rythmes venus d’ailleurs.
La marque de l’Islam est partout. Moroni, la capitale ressemble, à une forteresse bénie par 10 mosquées qui 5 fois par jour, lancent du haut de leur minaret, l’appel des muezzins. Au cœur de la ville la plus vieille mosquée du vendredi, construite en 1427, signe de cette emprise de la religion.
L’ensemble de ces influences a imprimé une organisation sociale, particulière, inattendue où le pouvoir des hommes n’est que pure apparence, avec le matriarcat. Ici le pouvoir appartient aux femmes. Mais l’exercice du pouvoir est aux mains des hommes. Aux ordres de ces femmes d’intérieur, les sultans se sont livrés des siècles de batailles jusqu’à l’annexion de l’île par la France.
Celle – ci a mis fin au sultanat au début du XXème siècle, mais pas à l’épopée des sultans qui se perpétue sans glaive, pour le pouvoir et l’honneur. La jeune génération veille encore sur les 7 régions de l’île léguées par les sultans batailleurs comme sur un butin de guerre.
Ce schéma des « 7 Ngazidja » est toujours en vigueur dans les esprits des grands comoriens, comme dans la réalité sociologique de l’ile. Il se perpétue à travers le ‘’ grand mariage’’, ce nom évocateur qui en réalité est un processus de socialisation rythmant la vie individuelle et collective et qui façonnent le fonctionnement de la société. L’ostentatoire des noces n’est plus ou moins que la vitrine de ce pouvoir de l’honneur.
Kamal’Eddine Saindou
Zaïdou Bamana
Soldat
Envoyés spéciaux à Moroni
Du Journal Mayotte Hebdo
Vendredi 7 juin 2002
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